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16 décembre 2012

Avenue des géants, Marc Dugain ****

avenue-des-geantsStupéfiant!

Inspiré d'une histoire réelle, ce roman nous laisse sans voix. Comment un homme, jeune, peut se jouer des psychiatres et de la police? 

Edmund Kemper, devenu Al Kenner dans ce roman de Marc Dugain, a assassiné ses grands-parents à l'âge de quinze ans et a passé cinq ans en hôpital psychiatrique avant d'en sortir, avec un casier judiciaire blanchi.

Il passe devant les commissions fort de son QI supérieur à celui d'Einstein, en ayant pu tout apprendre de la psychiatrie lors de son internement. Il réussit avec brio les entretiens qui rassurent les psychiatres alors qu'au même moment, dans son van pourrissent les têtes de ses victimes.

Le récit est terrassant et subtil à la fois: la complexité des personnages sont décrits avec justesse. Sa relation avec sa mère est décortiquée de manière simple et en cohérence avec les événements.

L'ambivalence de cet homme qui paraît si mur, si alerte et responsable mais qui peut en même temps abattre de sang froid ses victimes est consternante.

Il semblerait qu'il a inspiré le personnage d'Hannibal Lecter. Et malgré qu'il ne mange pas ses victime, Al Kenner n'en est pas moins terrifiant. Il s'immisce avec perfection dans le monde des psychiatres en devenant assistant de psy, puis devient une sorte de profiler dans la police, il est persuadé qu'avoir tué lui permet de mieux cerner les assassins. Et il n'a pas tord...

Quelques extraits du passage de la commission qui blanchira son casier:

"Ce sont les mécanismes qui me passionnent. Et, pour ne rien vous cacher, je vais me marier avec la fille du patron de la Criminelle de Santa Cruz et je collabore déjà avec son père sur un dossier. Pardonnez-moi mais je pense qu'avoir tué confère une vraie légitimité dans ce domaine, en particulier dans la compréhension du phénomène du passage à l'acte qui restera un mystère pour un néophyte."

"Je ne voudrais pas que vous imaginiez que je sous-estime mon acte. Il ne se passe pas un jour sans que j'y pense. Cela ne fait pas de moi un homme ordinaire et cette transgression absolue qu'est le meurtre se s'efface pas facilement. [...] C'est une blessure profonde et, même si cette culpabilité ne me hante pas, elle m'habite c'est tout et c'est assez.

Je n'en revenais pas de parvenir à formaliser ma pensée avec autant de précision, elle d'ordinaire si dispersée. Les trois experts m'observaient intensément et je voyais perler dans leur regard une réelle satisfaction. Le miracle de la rédemption se déroulait devant leurs yeux ébahis."

Sur fond de mouvement hippy et de guerre du Vietnam, ce roman se lit facilement et avec délectation.

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