L'art de perdre, Alice Zeniter ****

Prix Goncourt des lycéens, ce roman est sur la lancée de tous ces livres de cette rentrée littéraire qui prennent la guerre d'Algérie comme toile de fond.

Ici nous suivons le destin d'une famille sur trois générations. On part d'abord chez Ali, le Kabyle harki, en Algérie, qui est ancré dans sa culture dans les montagnes algériennes. On le voit d'abord marié à une femme qui ne lui donne pas d'enfant, puis à une autre, Yema, bien plus jeune qui lui en apportera beaucoup. Les conflits s'approchent, on pressent la guerre qui va arriver et Ali qui ne veut pas s'en mêler, prendre parti et s'il prend parti c'est pour sauver les siens. Tous ces circonstances vont le mener à quitter le pays et à rejoindre la France avec sa famille.

Hamid, son fils ainé vit tout ça très mal, il supporte difficilement de voir son père vivre une vie indigne dans des camps, puis isolé en pleine forêt, et enfin entassé avec tant d'autres dans une banlieue hlm. On suivra sa jeunesse, sa scolarité chaotique malgré sa grande intelligence et son parcours pour s'intégrer et faire accepter sa femme d'origine française avec qui il aura quatre fille.

Justement, on suit ensuite Naïma, une de ses filles, femme libre d'aujourd'hui, qui, pour les besoins de son travail doit partir en Algérie pour faire des recherches. Ce sera un parcours initiatique, observé de près par toute sa famille qui n'a jamais osée retourner là-bas par peur des représailles envers les harkis. Elle découvrira un pays totalement étranger à elle, mais avec lequel son destin est noué. Elle sera marqué par la domination violente des hommes sur les femmes.

Un livre long, qui demande à prendre du temps, mais qui est très riche et très intéressant.