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7 octobre 2012

Du côté de Canaan, Sebastian Barry ****

Du-cote-de-Canaan_6084Lilly, une irlandaise âgée de quatre-vingt-neuf ans, endeuillée, revient sur sa vie et se remémore les moments les plus heureux et bien sur, les plus difficiles.

"Bill n'est plus.

Quel bruit fait le coeur d'une femme de quatre-vingt-neuf ans quand il se brise? Sans doute guère plus d'un silence, certainement à peine plus qu'un petit bruit ténu."

Commence une alternance de moments présents qu'elle vit dans le deuil d'un être cher disparu qui font écho à ses souvenirs passés: l'Irlande de son enfance avec un père policier, ses fiançailles avec un homme poursuivi par l'IRA, sa fuite aux Etats-Unis avec ce même homme qu'elle épousera sans grand enthousiasme, ne sont que le début de la fresque de sa vie dans laquelle nous embarquons.

"Maintenant que je me colletais avec un Tadg inconnu, j'étais prise de panique à l'idée que je ne l'avais jamais véritablement connu, que je m'étais laissée aller à me fiancer à un homme parce qu'il avait connu mon frère chéri [...]. Comme si l'amour que je portais à Willie était bizarrement transmissible, et même s'il s'agissait peut-être d'un amour réel, il était aveugle et sourd."

"Tandis que nous étions dans le train pour New York, j'avais l'impression très étrange que l'Amérique se construisait en grande hâte devant nous, s'inventait pour nous à mesure de notre progression"

Chaque chapitre correspond à un jour qui suit le décès de Bill. Et chaque jour, elle fait l'effort d'ouvrir son coeur, comme si elle se devait d'écrire ses Mémoires, et au fil des jours qui passent nous reformons le puzzle de son histoire, comprenant mieux son présent, découvrant qui est ce cher Bill disparu.

"C'est comme une sorte de télévision ces souvenirs. Et je ne possède même plus de télévision ces temps-ci, depuis le jour lointain où j'ai mis le poste noir et blanc sous la véranda, ne voulant plus voir les informations sur le Vietnam."

Le style est doux et caressant, l'ambiance est feutrée, et cela contraste avec les instants poignants qu'a vécus Lilly.

"Les souvenirs provoquent parfois beaucoup de chagrin, mais une fois qu'ils ont été réveillés vient ensuite une sérénité très étrange. Parce qu'on a planté son drapeau au sommet du chagrin. On l'a escaladé.

Et je remarque une nouvelle fois en écrivant cette confession que l'expression "il y a longtemps" n'existe pas finalement. Quand on évoque les souvenirs, tout se passe dans le présent, purement et simplement. De sorte que, à mon grand étonnement, les gens que j'ai aimés retrouvent une nouvelle vie. J'ignore ce qui leur permet de le faire. J'ai été heureuse de temps en temps au cours des deux dernières semaines, le bonheur particulier qui est offert de la main du chagrin."

Le roman soulève maints débats et problématiques: les dépressions post-traumatiques des vétérans des différentes guerres, le terrorisme et assassinats perpétrés par l'IRA, les mères célibataires, les migrants qui arrivent aux Etats-Unis et bien sur la fin de vie des personnes âgées, leur solitude et la question de l'euthanasie.

J'ai été transportée par ce roman qui me donne envie de découvrir d'autres oeuvres de la bibliographie de Sebastian Barry.

 

 

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